Quand la photo fait son cinéma…
Premier article sur le thème des “Rencontres d’Arles”, et comment mieux commencer que par un petit coup de gueule reflétant une certaine déception.
Certes j’aime le cinéma, et il ne fait aucun doute que la photographie est un de mes centres d’intérêts principaux mais, contrairement à la maxime de Melle Carole B. qui dit à peu près ceci “J’aime le citron, j’aime le yaourt donc j’aime le yaourt au citron”, la projection de photographies sur écran n’est pas ma tasse de thé.
Et force est de constater que ce type de présentation est devenu pratique courante, ne serait-ce en Arles où on pouvait trouver au moins quatre expositions de cette nature. Pour sûr le gain de place ainsi réalisé permet de présenter un nombre impressionnant d’oeuvres, mais dans quelles conditions ?
Premier exemple, alors que nous étions, Eugénie & moi, intéressés par le principe d’une exposition présentée à la maison des rencontres, elle présentait des travaux de lycéens, nous n’y sommes restés qu’une poignée de minutes, décontenancés par la suite d’images sans sens qui s’offrait à nos yeux. Un projecteur, un écran et c’est tout. Un peu plus de détails sur ces projets auraient été les bienvenus.
Second exemple, et certainement la plus grande déception de notre semaine de festival de la photo, la rétrospective Magnum, dans sa forme et non dans son fond.
Cette exposition se déroulait dans deux espaces, la première salle présentait une gigantesque frise chronologique de l’histoire de l’agence fondée en 1947 par messieurs Capa, Cartier-Bresson, Rodger et Seymour. Instructive et contenant quelques oeuvres elle aurait été le préambule/guide parfait pour la compréhension du second espace qui lui avait pour vocation de présenter le travail de chaque photographe, mais nous retombons ici dans la problématique de cet article, l’usage du projecteur.
Une salle plongée dans la pénombre, plusieurs écrans géants sur un mur, au milieu, des groupes de bancs et sur le bord opposé des ordinateurs permettant de choisir les photographes projetés voilà ce à quoi nous avions à faire dans la seconde salle. Cette scénographie peut être justifié par plusieurs points, une somme immense de clichés à présenter, la notoriété de Magnum et le risque d’une grande affluence dans ce lieu, la projection permettant de proposer le maximum de photos dans un espace réduit et à un coût moindre, le cloisonnement minime de la salle, quant à lui, fluidifiant le flux des visiteurs.
Mais en ayant privilégié la quantité n’a t’on pas perdu un aspect essentiel de la photographie, le support. Non une image fixe sur un écran, quelqu’en soit sa taille, n’a ni le charme ni la saveur d’un tirage papier, alors n’aurait il pas été judicieux pour un évènement exceptionnel, les 60 ans de Magnum, de présenter moins de photographies, mais de les présenter réellement…
A bientôt pour la suite, qui elle a été parsemée de bonnes surprises…